La nuit du 25 au 26 août 1914, soldats et civils furent enfermés dans une grange de Lommerange, sans même un peu de paille pour se reposer. Cependant quelques personnes charitables avaient vainement essayé de faire passer de la nourriture. Le jeune prêtre demanda un peu d'eau pour se désaltérer sans pouvoir l'obtenir. Le lendemain, vers cinq heures du matin, les portes de la prison improvisée s'ouvrirent, et les détenus reçurent l'ordre de prendre rang sur la place du village. Avec les hypocrisies qui caractérisaient toutes les exécutions de ce genre, un jeune lieutenant d'un ton hautain, interpelle un soldat et lui demande ce qu'il savait au sujet de ces gens:
Qu'avez vous vu au sujet de ces gens ? : J'ai vu, répondit en toute simplicité le soldat que le prêtre et plusieurs autres dans la matinée du jour ou ils ont été arrêtés, soigner les blessés qui étaient ramenés.
N'ont ils pas tirés sur les nôtres ? : Non je ne les ai pas vus.
Visiblement contrarié, ou plutôt furieux de la réponse peu satisfaisante à son gré, l'officier d'un ton brutal donna immédiatement d'ordre à la petite troupe de se mettre en marche. A quelques centaines de mètres du village, à la bifurcation d'un chemin longeant le Conroy, l'ordre d'arrêt est donné. Les civils sont détachés de la troupe et conduits par ce chemin à une distance de cent mètres. Après quelques instants, une formidable fusillade retentit. Le crime fut accompli, spectacle affreux, ils sont là gisants sur le sol rougi de leurs sang, un avec les entrailles déchirés celui la, la tête fracassée et son cerveau à cinq mètres plus foin. Le jeune prêtre fut touchéà la tempe, et tomba face à terre. On les laissa ainsi la journée entière avec défense de les ensevelir. Peu après leurs corps furent inhumés dans les prés avoisinants en contre bas.
Ils furent exhumés le 6 novembre 1919, puis inhumés au cimetière de Gondrecourt-Aix (Meuse).
En 1917, un feldwebel (*) chargé de diriger à l'ancienne frontière, des travaux de culture, demanda à un habitant de Lommerange ce que sont devenus, ceux qu'au mois d'août 1914 on avaient arrêtés, et dirigés, sur le village. Apprenant qu'ils avaient été fusillés, il s'écria: "Mais ils n'avaient rien fait, ils étaient simplement cachés dans le bois, j'étais du nombre de ceux qui avaient reçu les ordres de les arrêter." (1)
Les victimes:
- M. Emile Thierry, 39 ans, curé de Gondrecourt-Aix
- M. Malher Louis Gustave, 51 ans
- M. Pizel 54 ans
- M. Cavaret Léon, 30 ans
- M. Guiot joseph, 64 ans
- M. Cire Victor, 43 ans
- M. Barnero Jean Baptiste
- M. Lesse Jean Nicolas, 60 ans
- M. Rossilion Urbin, 63 ans
(1) Note de l'Abbé Becker, curé de Lommerange en 1919
(*) Adjudant