Le jeudi saint, à la fin de l’office, commence une période de deuil et de recueillement qui va durer jusqu’à la célébration de la résurrection dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques.
Dès le VIIIème siècle, on cessait de faire sonner les cloches et au IXème siècle, les cloches de métal étaient remplacées par des instruments de bois.
Les plus anciens d’entre nous ont connu ces substituts de la cloche pour les avoir pratiqués. Crécelles, martelets et claquoirs remplaçaient le son des cloches pour marquer l’Angélus trois fois par jour ou pour appeler aux offices.
Ce qui était normal, les cloches étant parties en pèlerinage à Rome pour se faire bénir, nous faisait-on croire.
Les crécelleurs, (enfants de chœur au début qui se sont ouverts ensuite à d’autres enfants), faisaient tourner leurs crécelles en ponctuant le bruit de leurs instruments par un « C’est l’Angelus qui sonne » pour les Angelus du matin, de midi et du soir ou par des stances qui variaient selon les villages pour les offices. Trois passages étaient nécessaires pour appeler aux offices. Au premier passage, on chantait : « Au premier coup, écoutez-nous ». Au second passage : « Au deuxième coup, préparez-vous ». Au troisième passage : « Au troisième coup, suivez-nous »
Pour être sûr que l’interruption des sonneries soit respectée, les cordes des cloches étaient remontées dans le clocher.
Quand les cloches reprenaient du service lors de la nuit pascale, les crécelleurs cessaient le leur.
« Faire les crécelles » n’était pas de tout repos. Il fallait déjà se lever tôt le matin, dans une fraîcheur avoisinant souvent le zéro degré. Les crécelleurs arpentaient plusieurs fois les rues de leur village dans la journée. Aussi, méritaient-ils les fruits de la quête du samedi après-midi au cours de laquelle, en faisant du porte-à-porte, ils recueillaient ce que les habitants du village voulaient bien leur donner pour les récompenser de leur peine : œufs, denrées alimentaires, friandises et parfois quelque argent. Une collecte qui pouvait donner lieu à un goûter partagé ou à une répartition entre les participants.
Cette tradition des crécelles avait perduré avec le Foyer des Jeunes jusqu’en 2002. Après une tentative de reprise en 2004 par l’association d’Un Pont à l’Autre, elle avait été abandonnée.
Chacun aura compris pourquoi les cloches de l’église de Lommerange sont coupées du jeudi saint au soir de la veillée pascale. Mince réminiscence de traditions perdues figées dans les mémoires et sur quelques photos.