Il est un félidé dont on peut dire qu’il a laissé un chat dans la gorge à nombre d’habitants de la rue Emile Zola à Lommerange. Cette majesté fourrée, plus grippeminaud qu’ermite dévot, n’a pas fait la chattemite lorsque les couvreurs ont monté leur échafaudage sur une façade dont l’avant toit abritait plusieurs nids d’hirondelles.
Nullement embarrassé par la présence de témoins, il a escaladé l’estrade qu’on lui avait dressée pour, à partir de la plus haute marche et au prix d’une gymnastique dont l’espèce a le secret, faire choir un ou plusieurs nids avant que de se repaître des petits qui l’habitaient. Navrant pour une population en déclin qui bénéficie de la sympathie la plus large mais qui a perdu 42 % de ses effectifs en 20 ans.
Et c’est là que les témoignages divergent face aux représentants de la Ligue de Protection des Oiseaux et de l’Office Français de la Biodiversité (Police de l’Environnement) qui avaient été appelés.
Notre greffier sanguinaire est-il seul responsable de la destruction des nids ou, a-t-on estimé un peu vite, que le mal était fait en démontant l’avant-toit sous lequel subsistaient ou ne subsistaient pas des nids vides ou encore occupés. Les discussions étaient vives et les témoignages non concordants dans la rue autour des défenseurs de la biodiversité qui, au terme de leur enquête, classeront ou poursuivront cette affaire.
Dans cette attente, une mesure compensatoire a vite été admise par les parties, non pas pour réparer mais pour atténuer les dégâts commis à l’espèce. L’entreprise a posé sur la façade de la maison en réfection trois doubles nichoirs en béton de bois dont il faut souhaiter qu’ils soient réinvestis par les hirondelles dès le prochain printemps.
Une règlementation trop souvent ignorée.
Les hirondelles sont protégées par la loi de 1976 portant sur la protection de la nature et l’arrêté de 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur le territoire national. A ce titre sont interdits la destruction ou l’enlèvement des œufs et des nids même vides, (l’hirondelle retrouve le lieu où elle nichait l’année précédente lorsqu’elle revient d’Afrique). La loi de 2016 a porté les peines maximales sanctionnant le non-respect de ces interdits à 2 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende.
Incidence aussi de ces lois sur l’urbanisme.
En présence de nids d’hirondelles, les travaux de ravalement de façades et de toitures doivent être réalisés en dehors de la période de nidification, soit entre fin septembre et mars. Une « demande de dérogation espèces protégées » doit être adressée à la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) afin d’obtenir l’autorisation de décrocher les nids. Une procédure allégée peut être mise en place pour les particuliers et gérée directement par la LPO Moselle. Renseignements par courriel : (