Le dimanche 26 août 1914, un détachement de soldats allemands ramenait de France (Meurthe et Moselle) des otages à Lommerange qui était en terre allemande à l’époque. Ces otages devaient être remis à l’autorité occupante de Thionville (Diedenhoffen)
Ces otages, des hommes de la Meuse et de Meurthe et Moselle au nombre de dix dont un curé, étaient soupçonnés d’avoir tiré sur des allemands.
L’officier commandant le détachement, n’ayant rien de précis à leur reprocher, voulait, paraît-il, les emmener à Thionville. En réalité, la nuit du 25 au 26 août 1914, soldats et civils furent enfermés dans une grange de Lommerange sans même un peu de paille pour se reposer... Le lendemain, vers cinq heures du matin, les portes de la prison improvisée s'ouvrirent et les détenus reçurent l'ordre de prendre rang sur la place du village puis de se diriger vers Fontoy.
A un kilomètre et demi du village, à la bifurcation d'un chemin qui longe le Conroy, l'ordre d'arrêt est donné. Les civils sont détachés de la troupe et conduits par ce chemin à une distance d'environ deux cents mètres. Les soldats allemands, par un feu de salve abattent par derrière les malheureux.
"Spectacle affreux. Ils sont là maintenant, gisant sur le sol rougi de sang. Celui-ci, les entrailles déchirées. Celui-là, la tête fracassée et son cerveau projetéà cinq mètres plus loin. Le jeune prêtre qui, sans doute, à l'instant suprême s'était retourné vers ses infortunés compagnons pour leur donner une absolution, avait été frappéà la tempe. Il était tombéà la renverse, les bras en croix. On les laissa ainsi la journée entière. Défense de les ensevelir. Ils furent enterrés sur le soir dans les prés voisins du Conroy."
L'exhumation des corps eut lieu le 6 novembre 1919 et leurs corps furent transportés et inhumés dans le cimetière près de l'église de Gondrecourt.
C’est ainsi que, non loin de la route où le Conroy serpente paisiblement dans la solitude de deux collines boisées, des Français tombèrent sous les balles de l’envahisseur ! Ces français étaient l'abbé Emile Thierry, Joseph Edmond Pizel, Jean-Nicolas Lesse, Joseph-Nicolas Guiot, Louis Gustave Malher, Victor-Jean Ciré, Léon Cavaret, Jean-Baptiste Barnero, Hurzin Rossilion et un inconnu.
Le monument érigé en 1928 à la mémoire de ces victimes n’avait rien de provoquant. Il se trouvait à l’écart de la route, sur le sentier qui mène à la Source des Anges et rappelait aux passants les faits, sans haine ni passion. Il fut dynamité en 1940 par les nazis puis reconstruit en 1953.
Organisée le dimanche 25 août par le Souvenir Français et son président Jean Podesta, la cérémonie commémorative de ce triste évènement a réuni les communes de Gondrecourt-Aix, de Fontoy et de Lommerange ainsi que des porte-drapeaux de la grande région, le député de la circonscription, Brahim Hammouche, la fanfare de Ranguevaux ainsi que les descendants de Victor-Jean Ciré.
La commune de Lommerange était représentée par René André, maire, Patrick Compe, porte-drapeau, et Guy Sosin, ancien trésorier de la section des anciens combattants.